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Ollie Leroy

"Ollie, faut vraiment qu'on se casse. Je peux plus cacher ma grossesse à mes parents, d'ici un mois ça se verra et ils vont me tuer. Pars avec moi, je t'en supplie, tu sais très bien que tu pourras pas cacher ton homosexualité infiniment non plus. T'as toujours dit qu'un jour on partirait tous les deux à l'aventure et qu'on rencontrera des garçons fantastiques au bord de la mer. Alors partons à l'aventure maintenant, demain, la semaine prochaine pour tout rassembler, mais faut qu'on se casse."

_sarah, il y a quatre ans

Le corps sale les cheveux gras les lèvres rouges les cernes bleues, à chaque fois c'est pareil. Après chaque client je me sens toujours aussi las, bas, triste, comme si ça n'avait aucun sens. Baiser pour avoir du fric, avoir du fric pour acheter de nouveaux habits, nouveaux habits qui ramèneront plus de clients. C'est un cercle vicieux bien gardé par Jared. J'ai plus le choix, c'est soit ça, soit la drogue, soit la mort et autant vous dire que j'ai encore quelques trucs à régler sur ce monde avant de crever. Faut que j'aille demander pardon à ma mère, voir Marie grandir, remercier Sarah, adopter un chien ou plusieurs, rencontrer quelqu'un, me tirer de cet enfer, vieillir, en soit simplement avoir une vie. 

 Malgré ma lassitude ambiante, j'essaie de me remémorer le plus souvent possible que j'ai choisi ce métier. Je n'étais pas ce gamin niais et cliché qui fuit de chez lui, pour se faire menacer la nuit tombée de travailler pour un mac bidon. J'ai fuit de chez moi, oui. Mais il me fallait assez d'argent pour subvenir à Sarah, Marie et moi alors à 17 ans, sans bac et sans expérience, escort était la meilleure solution.

Au fond, ce n'est pas tout le temps une corvée. 

C'est juste devenu une routine barbante et dégradante aux yeux des autres au fil des jours.

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